Le légendaire jockey canadien Ron Turcotte s’éteint
À 0h02, le 23 août 2025 • Par Chris Lomon, Woodbine/Traduction Laurent Sauvé
Ron Turcotte, le célèbre jockey reconnu pour avoir mené l’iconique champion Secretariat à la gloire de la Triple Couronne américaine en 1973, est décédé à l’âge de 84 ans.
« Ron Turcotte était une véritable icône canadienne dont l’impact sur les courses de chevaux est incommensurable », a déclaré Jim Lawson, président exécutif de Woodbine Entertainment. « De son incroyable aventure avec Secretariat à son engagement à vie envers ce sport, Ron a toujours fait preuve d’humilité, de force et de dignité. »
« Son héritage dans les courses, tant ici à Woodbine qu’à travers le monde, vivra à jamais. Nous pleurons sa perte et célébrons une vie qui en a inspiré tant d’autres. »
Le petit homme originaire de Grand Falls, au Nouveau-Brunswick, fut en réalité un géant dans son sport.
À 18 ans, Turcotte, deuxième d’une fratrie de 12 enfants, arrive à Toronto pour travailler comme couvreur. Un jour, alors qu’il regarde la télévision, il tombe par hasard sur le Derby du Kentucky. Le lendemain, il se rend à l’hippodrome Woodbine à la recherche d’un emploi. Sa carrière débute par des tâches modestes : nettoyer les stalles, marcher les chevaux, les panser, puis les exercer pour l’entraîneur Pete McCann en 1960.
Turcotte débourre ensuite des chevaux chez Windfields, puis travaille pour l’entraîneur Gordon Huntley au printemps 1961. En 1962, à Fort Erie, il remporte sa première course. À la fin de la saison, il est déjà jockey numéro un au Canada avec 180 victoires. En 1963, il domine encore avec 216 victoires avant de partir en septembre monter aux États-Unis (Maryland, New York et Delaware), se mesurant aux meilleurs jockeys américains. Partout où il passe, il s’impose comme un jockey redoutable et monte quelques-uns des plus prestigieux pur-sang de l’époque.
En 1965, il attire encore davantage l’attention en remportant le Preakness Stakes avec Tom Rolfe. C’est aussi à cette période qu’il commence à collaborer avec l’entraîneur canadien Lucien Laurin, notamment à Laurel au Maryland. En 1972, il mène Riva Ridge aux victoires dans le Derby du Kentucky et le Belmont Stakes.
Les années 1972 et 1973 sont les plus lucratives de sa carrière : il est alors le jockey dominant du continent pour les victoires dans les stakes.
La saison magique de 1973 avec Secretariat resta toujours gravée dans son cœur.
« J’ai monté beaucoup de bons chevaux, mais Secretariat était de loin le meilleur », disait Turcotte, qui ne put toutefois le monter dans sa dernière course – le Canadian International à Woodbine – en raison d’une suspension. « Il faisait la même chose que n’importe quel autre cheval, mais mieux et plus vite. »
Turcotte monta également Northern Dancer à deux ans, ainsi que d’autres champions tels que Shuvee, Damascus, Fort Marcy et Vent du Nord.
Parmi ses grands succès figurent le Kentucky Oaks, le Jockey Club Gold Cup, le Florida Derby, le Travers, l’Alabama, le Wood Memorial et le Santa Anita Handicap.
Au total, au cours de ses 18 années de carrière, Turcotte enregistra 3 032 victoires.
Son parcours s’arrête tragiquement le 13 juillet 1978 à Belmont Park, lorsqu’une chute le laisse paralysé de la taille aux pieds et contraint à se déplacer en fauteuil roulant.
Cet accident n’entama jamais sa passion pour le sport ni son admiration pour ses chevaux. Il devint président de la campagne March of Dimes à Long Island et s’impliqua également auprès de la filiale torontoise de cette organisation. Il participa à de nombreux événements sur les hippodromes du Canada et des États-Unis, célébrant son passé de jockey et sensibilisant le public au Fonds pour les jockeys définitivement handicapés.
De retour à Grand Falls après sa carrière, il fut honoré en 2015 par une statue grandeur nature de lui sur Secretariat.
Turcotte a été intronisé au Temple de la renommée du National Museum of Racing, au Temple de la renommée des courses canadiennes ainsi qu’au Temple de la renommée du sport de New York. Il a reçu le prix commémoratif Avelino Gomez, le prix commémoratif George Woolf et le Sovereign Award. En 1973, il fut nommé Athlète canadien-français de l’année et il fut le premier représentant des courses de pur-sang à être fait membre de l’Ordre du Canada.
Texte original (en anglais) : Legendary Canadian jockey Ron Turcotte passes